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P. Etienne Marie Stirnemann, dit "le petit Stefane-Marie"
Foyers Saint Joseph
S/C Archevêché,  B.P. 2016 Conakry, le Conakry  -  Guinée
tél. (00224) 64 78 75 51

Bien chers parents et amis

Vous avez certainement entendu parler de l’horrible massacre de 157 personnes en Guinée, en septembre dernier. C’est l’œuvre d’un fou qui faisait malheureusement partie de la junte  militaire, mais il est clair maintenant que le président n’y était  pour rien. On n’a jamais rien vu de pareil en Guinée, que j’ai connue depuis 17 ans comme un pays pacifique, même s’il y a beaucoup de petites bagarres… mais pas plus de meurtres qu’en France. En tout cas,  rassurez-vous, nous vivons dans un pays  tranquille et il n’y a aucun danger pour nous.
Je vous écris ces mots pour vous remercier pour tout ce que vous faites pour nos enfants.
Ici,  à Conakry, la vie poursuit son petit cours et nous avons toujours beaucoup de bonheur à vivre avec nos enfants et nos malades.   Je vous ai dit que si j’avais un jour un livre à écrire sur ce que nous vivons ici, je mettrais comme titre : «  Tu m’as donné tant de joie ! »: la joie d’un père heureux au milieu de ses enfants ! Nos plus petits s’appellent « les gazelles », nous vivons dans le même bâtiment et j’ai grande joie à les avoir autour de moi chaque jour et à voir leurs visages rayonnants, surtout quand on sait d’où ils viennent !  Julia, une jeune coopérante qui nous vient tout droit d’Allemagne, m’a dit que ce qui l’a frappée, en arrivant au foyer, c’est la joie de vivre des enfants…et de tout le monde !
Quand on sait d’où ils viennent… Imaginez  qu’à l’âge de dix ans votre mère vous dise un jour : « Voici l’argent pour ton voyage à la capitale, tu es grand maintenant, va travailler…bonne chance ! »
Abou, que nous avons recueilli avant-hier, m’a raconté sa triste histoire : « Comme j’avais redoublé trois fois le cours moyen, je ne voulais pas continuer l’école, mais apprendre un métier. Mon père, qui voulait me forcer à aller à l’école, m’a frappé au point que j’étais couvert de plaies. Quand mon père a mis du piment dans mes paies…j’ai fui ! Depuis, je vis à la rue. Je ne veux plus vivre avec mon père. »
Saliou, quant à lui, était aussi d’une famille très pauvre. Mais il est tombé malade vers l’âge de 16 ans et a décidé d’aller en ville pour se soigner : « Je me débrouillerai pour payer le médecin ! » Il est donc arrivé à Conakry et, malgré sa maladie, il a pu trouver quelqu’un qui lui a offert quelques cartes de recharge pour téléphone et il les vendait. Le docteur Diaby lui a promis de le soigner pour 25 €. Tout en vivant à la rue, Saliou a réussi, en menant une vie spartiate, à rassembler la somme  réclamée. Il pouvait gagner jusqu’à un euro par jour. Il se contentait de 30 centimes pour manger et économisait le reste pour payer son médecin.  Mais  voilà que le médecin qui devait le soigner  lui a dit que maintenant il fallait 50 € ! C’est alors qu’il s’est assis à un coin de rue, désespéré, et qu’un copain lui a indiqué l’adresse des foyers St Joseph.
Alpha, un petit de dix ans qu’on a ramassé hier à la rue, m’a dit tout triste : « Mon père est décédé, ma mère ne m’aime pas, il y a longtemps qu’elle cherche à se débarrasser de moi, elle a même parlé plusieurs fois de m’empoisonner…alors, je suis parti à la rue. » Il n’a pas pleuré…il y a longtemps qu’il ne sait même plus pleurer ! Quelle joie que de pouvoir serrer ce petit sur son cœur et de lui dire : « Ne t’en fais pas, désormais c’est moi ton papa ! Vas rejoindre notre foyer des gazelles ! » Il lui a fallu une semaine pour arriver à faire un sourire.  Mon Dieu, quelle belle vocation tu m’as donnée !
On a plus de joie, encore, quand on voit que l’Esprit du Christ, continue son travail dans les enfants. Lors de notre dernière colonie de vacances, il y avait dans le village un fou abandonné, comme on en trouve un peu partout en Guinée. Depuis des mois le malade n’avait reçu aucun entretien pour son corps couvert de gale. Dès l’arrivée de nos chérubins  dans le village, ils ont essayé d’entretenir des relations avec lui,  de le raser, le laver… ils partageaient avec lui, non seulement leur nourriture, mais même leurs habits ! Le malade était devenu leur ami.
Notre grand Roger, qui a quitté le foyer et qui travaille comme comptable dans la plus grande banque du pays, prend sur ses temps libres, le samedi, pour visiter et soulager les prisonniers. Fodé, qu’on a ramassé à la rue il y a dix-sept ans, enseigne maintenant l’électricité dans une école professionnelle. J’ai découvert par hasard  qu’il allait sur les trottoirs, faire de l’alphabétisation aux enfants des mendiants. Samba, qui est devenu un bon petit commerçant, a trouvé, dormant par terre au marché, un vieux juif russe abandonné et ruiné et l’a hébergé dans sa petite chambrette. C’est une joie immense, pour moi de voir qu’un enfant noir que j’ai sauvé de la rue, se met à sauver  de la rue…un blanc !
Conclusion : allumez une bougie, la flamme se transmettra et les ténèbres reculeront.
Je vous laisse pour l’instant, vous souhaitant encore une bonne année et en vous remerciant pour votre fidèle amitié.


Etienne Marie


 
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